déc. 20, 2022 - Minute de lectureMinutes de lecture

Dent de sagesse : tout ce qu'il faut savoir

Les dents de sagesse, également appelées 3e molaires, sont les toutes dernières dents à sortir, mais il arrive également qu’elles ne sortent jamais.

Et pour cause, car pour percer il leur faut de la place à l’arrière des arcades dentaires. C’est ainsi que le facteur déclenchant leur éruption est une croissance des mâchoires vers l’arrière pour leur créer un espace suffisant. Cela dit, même si cette condition est remplie, les dents de sagesse peuvent ne jamais percer et rester incluses. De la même façon, elles peuvent ne jamais causer problème ou au contraire entrainer diverses complications.

Contenu

Petit rappel d’anatomie dentaire

Par arcade dentaire, à l’âge adulte :

  • 4 incisives au milieu : elles ont une racine unique, elles servent comme leur nom l’indique à inciser.
  • 1 canine de chaque côté, soit 2 par arcade : elles ont une racine unique, elles servent à déchiqueter.
  • 2 prémolaires de chaque côté, soit 4 par arcade : elles ont une ou deux racines et 2 pointes, elles servent à déchiqueter.
  • 2 molaires de chaque côté, soit 4 par arcade : elles possèdent 3 ou 4 racines, elles servent à mastiquer.
  • 1 dent de sagesse ou 3e molaire de chaque côté, soit 2 par arcade : elles jouaient autrefois un rôle majeur pour la mastication de végétaux durs et de viande crue. Aujourd’hui nous n’avons plus besoin de toutes ces molaires supplémentaires. Les dents de sagesse n’ont plus vraiment d’utilité. C’est ainsi qu’au fil de l’évolution elles se forment et sortent de moins en moins, voire plus du tout.

Cela fait 32 dents au total chez l’adulte, dents de sagesse incluses. Mais c’est en théorie, car en pratique il est rare d’avoir exactement 32 dents bien alignées et parfaitement fonctionnelles.



La sortie des dents de sagesse : imprévisible

Les dents de sagesse sortent ou pas, cela dépend des cas et c’est surtout imprévisible.

Leur nombre aussi est un mystère, car si la majorité d’entre nous dispose de 4 dents de sagesse, certains en ont moins, voire pas du tout.

Cela dit, elles poussent en moyenne à partir de l’âge de 17-18 ans, à la fin de l’adolescence, et la grande question est de savoir s’il faut oui ou non les enlever ?

Les enlever ou pas ? Tout dépend des risques de complications

Alors faut-il enlever les dents de sagesse ou pas ? Autrefois la réponse à cette question était plutôt oui. À présent la réponse est non, mais à deux conditions (1) :

1/ Elles se positionnent normalement.

2/ Elles sont asymptomatiques.

Autrement dit, des dents de sagesse qui poussent normalement et qui n’entrainent aucune douleur ni complication sont laissées en place, car elles ne gênent pas. En revanche, une extraction peut se révéler nécessaire dans certaines situations.

Dans quels cas enlever les dents de sagesse ?


Dent de sagesse incluse : la dent ne perce pas.

Dent de sagesse semi-incluse : la dent a percé, mais de façon incomplète. 


Manque de place

La taille de la mâchoire n’est pas suffisante pour accueillir les dents de sagesse. Résultat, elles n’arrivent pas à percer et peuvent provoquer des douleurs.

Mauvaise position

Certaines dents de sagesse restent incluses dans l’os ou sont enclavées ce qui peut favoriser le développement de kyste. Certaines dents incluses peuvent en plus se positionner à l’horizontale et endommager la 2e molaire voisine.

Poussée incomplète

C’est le cas des dents de sagesse dites semi-incluses. Elles percent, mais de façon incomplète, ce qui rend très difficile le nettoyage entre la gencive et la dent à peine sortie. Les bactéries se développent préférentiellement dans cette zone favorisant l’accumulation de plaque dentaire et provoquant des inflammations et des infections fréquentes, susceptibles de se propager aux dents adjacentes.

On parle de péricoronarite. Cette inflammation des tissus qui entourent la dent constitue la complication infectieuse la plus fréquente des dents de sagesse. Elle ouvre la voie aux caries, à la maladie parodontale (gingivite, parodontite), à la perte osseuse, aux maladies infectieuses systémiques, etc...


Dents semi-incluses : risque de péricoronarite

Lorsque la dent de sagesse commence à peine à percer, un petit morceau de gencive continue à recouvrir une partie de la dent, formant une sorte d’opercule. Entre les deux peut alors se former un foyer infectieux car inaccessible au brossage des dents. La solution : enlever le lambeau de gencive et prescrire des antibiotiques pour stopper l’infection ou extraire la dent de sagesse.


Carie

Pour ces mêmes raisons, les dents de sagesse semi-incluses associées à une péricoronarite peuvent devenir très fréquemment l’objet de caries, à développement très rapide et récidivantes. 

Toutes ces complications touchent plus souvent les dents du bas, de l’arcade inférieure.

Elles peuvent entrainer des douleurs des dents de sagesse justifiant une extraction à titre curatif ou préventif, qu’elles soient sorties, semi-incluses ou incluses. 

Douleur des dents de sagesse : quelles sont les causes possibles ?

Les complications décrites ci-dessus peuvent être à l’origine de douleurs des dents de sagesse. Elles sont ressenties de façon plus ou moins intense selon chaque personne. Selon les cas, elles peuvent être cycliques (par crises entrecoupées d’accalmies), localisées ou irradiantes vers l’articulation mandibulaire, le fond de la gorge près des oreilles ou la mâchoire du haut ou du bas.

D’autres symptômes associés sont repérables, même s’ils ne sont pas spécifiques :

  • Bas du visage enflé au niveau de la mâchoire
  • Gencives rouges et gonflées.
  • Gencives qui saignent facilement au fond de la bouche.
  • Douleurs étendues aux dents adjacentes des dents de sagesse.
  • Goût désagréable dans la bouche.
  • Mauvaise haleine.

À quel âge les dents de sagesse percent-elles ?

Les dents de sagesse commencent généralement à pousser (si elles poussent) à partir de 17-18 ans. C’est pourquoi il est fortement recommandé de faire un examen à cette période afin de constater leur présence et leur orientation.

Cette période peut également être intéressante pour une éventuelle extraction, car leurs racines sont encore en cours de croissance, ce qui peut faciliter l’intervention. Un autre aspect est à considérer : l’os qui entoure la dent de sagesse est encore en cours de maturation à cet âge. C’est ainsi que l’intervention si elle se révèle nécessaire est le plus souvent réalisée entre 16 ans et 25 ans.

Cela dit, elles peuvent percer à tout âge, à 30, 40, 60 ans… selon certains cas rapportés !


Comment soulager la douleur des dents de sagesse ?

En cas de douleur, il est impératif de prendre rapidement rendez-vous chez son dentiste pour un diagnostic et une prise en charge adaptée.

En attendant, il est possible de soulager la douleur avec des médicaments antidouleurs. L’application d’une poche de glace aura également un effet apaisant sur la douleur. Parallèlement, il convient de poursuivre un rituel bucco-dentaire complet. En effet, les douleurs dentaires ont tendance à freiner les soins, notamment le brossage. Mais il ne faut pas pour autant les stopper, et au contraire les renforcer en adaptant les gestes : par exemple en utilisant une brosse à brins ultra-souples et un bain de bouche en complément. N’hésitez pas à demander conseil à votre dentiste lors de votre rendez-vous.

Attention à maintenir une alimentation saine et une hydratation suffisante en faisant des choix judicieux : éviter les boissons et les aliments très chauds, privilégier les aliments de texture molle.

 

Surveillance et décision d’extraction

Une surveillance régulière des dents de sagesse dès l’adolescence est requise afin de suivre leur évolution, d’assoir une décision et si nécessaire de planifier le meilleur moment pour une extraction.

Avant toute décision, le chirurgien-dentiste procède à un examen général et à un examen dentaire avec une radiographie panoramique de la bouche pour bien visualiser la position des dents de sagesse : direction d’éruption, formation des racines, grosseur des dents, ont-elles suffisamment de place pour sortir, sont-elles incluses, semi-incluses ou complètement sorties, existe-t-il des foyers infectieux et inflammatoires, etc.

Si l’extraction n’est pas requise, il convient de poursuivre le suivi, car une dent de sagesse peut soudainement faire parler d’elle à tout moment et à n’importe quel âge.

Comment se passe une extraction de dents de sagesse ?

Qui réalise l’opération ?

Le chirurgien-dentiste peut réaliser l’extraction dans son cabinet lorsque le geste opératoire est simple. Elle peut également être faite par des dentistes spécialisés en chirurgie orale lorsque l’extraction est plus compliquée. Elle peut aussi avoir lieu dans une clinique ou une structure hospitalière et être réalisée par un chirurgien maxillo-facial ou un stomatologue, le plus souvent en ambulatoire...

Peut-on extraire les 4 dents de sagesse en même temps ?

Tout dépend de la situation, mais il est possible d’ôter une seule dent de sagesse, deux, trois ou quatre.

Lorsque les quatre doivent être extraites, on peut procéder en deux temps (d’un côté puis l’autre), ce qui facilitera la poursuite d’une alimentation plus confortable. Mais les quatre peuvent aussi être enlevées en une seule fois.



Comment se déroule une opération des dents de sagesse ?

Le plus souvent sous anesthésie locale

L’intervention se déroule généralement sous anesthésie locale.

Plus exceptionnellement, l’extraction se fait sous anesthésie générale. La décision dépend alors de la difficulté de l’opération, mais elle tient aussi compte de l’appréhension du patient.

En cas de signes d’anxiété, une médication relaxante est prescrite en amont. 

Cette opération de chirurgie buccale dure 30 à 45 minutes selon la difficulté et le nombre de dents à extraire.

Le chirurgien est amené à réaliser une incision de la gencive, puis un fraisage de l'os pour dégager la racine et la dent de son alvéole dentaire si cela est nécessaire. Parfois, un fractionnement chirurgical de la dent est nécessaire pour faciliter l’extraction. La plaie est ensuite nettoyée, désinfectée et suturée avec des fils résorbables en quelques semaines ou non résorbables qui devront ensuite être retirés.

L’intervention chirurgicale peut ne pas être agréable et être parfois impressionnante, mais grâce à l’anesthésie elle n’est pas douloureuse.

Pendant les jours qui suivent, la douleur peut persister. La plaie suturée peut être douloureuse et inconfortable, d’où l’intérêt de bien respecter les consignes post-intervention du chirurgien en termes de soins, de médications, de boissons et d’alimentation. À noter que la douleur est souvent plus importante pour les dents du bas.

Quels soins après l’extraction dentaire ?

Durant une à deux heures, un petit épanchement de sang peut persister autour du point de suture. Le patient sera invité à maintenir sur la plaie une compresse à changer régulièrement.

Le chirurgien peut prescrire des antibiotiques pendant 6 jours afin de prévenir un risque infectieux, et souvent aussi un anti-inflammatoire afin de diminuer l’œdème et l’hématome. L’application d’une poche de glace exercera également un effet anti-inflammatoire appréciable en cas d’ecchymose et de gonflement au niveau de la mâchoire et de la joue.

La cicatrisation dure 10 à 15 jours. Durant toute cette période, l’hygiène buccale est essentielle. Le dentiste prescrit généralement des bains de bouche en complément du brossage pour faciliter la guérison, à ne commencer que 24h au plus tôt après l’extraction car le patient ne doit pas cracher pendant les 24 premières heures pour ne pas détruire le caillot sanguin en formation. Il est cependant conseillé de ne pas se brosser les dents à proximité de la zone opérée durant les quelques premiers jours et de bien suivre les conseils du chirurgien.

On recommande également de ne pas fumer, d’éviter les efforts physiques pendant une semaine (pour ne pas déloger le caillot de sang qui s’est formé dans l’orifice de l’extraction) et de prévoir une alimentation liquide ou très molle.

Quand peut-on manger après une opération des dents de sagesse ?

Plusieurs heures après l’opération, l’alimentation et l’hydratation peuvent reprendre, mais il convient d’éviter les aliments durs et l’alcool.

Une alimentation adaptée s’impose également :

  • Éviter tout ce qui est très chaud, acide, salé et dur (qui pourrait se coincer dans la plaie ou l’irriter).
  • Privilégier les aliments tièdes ou froids, et liquides pendant les premières 24 heures, puis très mous pour éviter la mastication.
  • Privilégier la mastication du côté non opéré quand c’est possible.

Par exemple des purées tièdes, des écrasés ou des mixés de légumes de préférence froids. Des smoothies de fruits et/ou de légumes. Des compotes ou des broyés de fruits. Des puddings, des yaourts, des crèmes, des flans et des glaces (pour une fois que les glaces sont recommandées par votre dentiste, profitez-en !).

Après trois jours, vous pourrez progressivement réintroduire des aliments plus consistants, mais néanmoins moelleux comme les œufs brouillés, le pain de mie, les légumes vapeur, le poisson blanc…

Comptez une bonne semaine avant un retour à une alimentation normale.

A retenir : N’utilisez pas de paille pour boire, car l’effort d’aspiration peut déloger le caillot sanguin au niveau de la plaie et provoquer le saignement de la gencive.

 

Source :

(1) White RP et al., Evaluation and management of asymptomatic third molars: lack of symptoms does not equate to lack of pathology, Am J Orthod Dentofacial Orthop, 140(1):10-6, 2011, DOI: 10.1016/j.ajodo.2011.05.007.

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